Quelques poèmes...

De la poésie, jusqu'à plus soif...

Elle distrait des vicissitudes du monde, contant une fable abstraite, s'animant d'images prégnantes. La poésie s'abreuve aux sources de petits chemins odorants, balisés de vers et de pieds, harmonieusement rythmés. Parfois, elle caracole, sauvageonne, abruptement, elle revendique, manifeste, chatouillée par une plume qui la sert avec grâce comme elle-même sert les plus nobles idéaux et la si chère liberté.

Ce genre littéraire unique, prompt à l'évasion des sens, si délicatement idéal, charrie des pensées fleuries qui n'attendent qu'un esprit charmé pour les cueillir, qu'une âme vagabonde pour s'en émouvoir. Depuis toujours, fasse qu'un poème chuchote aux amants: aimez-vous en moi, follement, et je vous chuchoterai des mots d'amour qui n'appartiennent qu'aux coeurs purs. G.d.



Poète au château.


De moulin en donjon,
De château en manoir,
De patelin sans nom
Aux coteaux de la Loire,
De village historique,
Poursuivant en chemin,
Un sillage magique,
Le vent me prend la main,
Me conduit au hasard
Comme un gamin perdu
Aujourd'hui, maquisard,
Et demain, reconnu;
Ma vie est un voyage, 
Que ma plume vous conte,
Un avis de passage ,
Dans la brume qui monte,
Une trace de pas
Sur un parquet ciré;
L'audace, quelquefois,
Me fit bien avancer
De mansarde en palais,
De fenil en castel
Je m'attarde, oui mais,
A mon fil je m'attelle
De palace en fortin,
De citadelle en île,
Je trace mon destin,
Irréel et subtil,
D'un pinceau aussi fin
Que mes repas sont maigres,
Souriceau dans les foins,
Ne connaît pas de maître;
Me voilà, bonnes gens,
Noble dame à sa tour,
Quelquefois sans argent,
En quidam qui accourt
Pour un quignon de pain,
Une flamme en hiver,
Compagnon, galopin
Dont l'âme est en ces vers
D'écrivaillant, poète
Que chaque étang inspire,
Dépliant sa cueillette
D'un chapeau claque, au pire,
Quand le talent s'inquiète
D'un repos, d'un soupir



Clair-obscur.

Est-ce de l'aube
Le clair-obscur
Qui se dérobe
En l'air trop pur?
D'ombrelles vives
En tentacules,
L'ombre dérive
En l'édicule
Où le jour point;
Et rien ne bruit
Aux tours qu'atteint
Le train d'ennui
Des amours mortes;
Ô folles vagues,
Ajours d'eaux-fortes!
Qu'Eole bague
L'embrun céleste
Où, hier encore,
Défunt d'alpestre,
De verts décors,
J'allais, songeur,
Et sans audace,
En épongeur
De sang qui glace.





L'éveil de Circé.

Est-ce d'aurore
Le feu ardent?
Que naisse encore
Le bleu mordant
Les cimes! Et là,
Par-dessus tout,
L'abîme au ras
Des garde-fous;
Vogue, songeur,
Barde inspiré!
L'ogre abrogeur
Farde Circé!
Son cher visage
Eblouit l'astre
En l'air peu sage,
Rit d'un désastre
Qu'annonce l'aube;
Vois, elle danse,
Fronce sa robe,
Son pas fiance
Dieu et le ciel
Parant l'offense
De ses deux ailes.


Pasión.

Quelle écume exhale
Les vapeurs de l'âme
Quand la lune hâle
Deux coeurs qui se pâment?
Nous marchions sans fin
Vers l'éternité,
Louant les parfums
De ce clair été,
Quand la bise vint
A nos fronts unis,
Conquise aux ydilles
De profond oubli,
Eprise, en cette île
Qu'elle a rebercé,
De roseaux fangeux,
Sur l'aile froissée
D'un oiseau piégeux,
Voici qu'elle glisse
Comme un doux baiser;
Quel est ce supplice
Qu'espionne, amusé,
Le hibou songeur
Aux cimes venteuses?
Est-ce à l'août vengeur,
Aux rimes boiteuses,
Que, leste et gracile,
La passion s'affaire?
Elle tresse un fil
A nos fronts amers,
D'ivresse subtile
S'affronte aux chimères.



Versailles!

Jaillissez, fontaines!
Rois, levez-vous!
Hissez en la plaine
Vos charrois ! Debout,
France! A ton prestige!
Château, sors de terre! 
Sans offense, érige
Chapiteaux, parterres,
Dentelez vos bords!
Que les sculpteurs viennent
Ciseler Pandore!
La grande oeuvre avance,
Pétrie d'histoire,
On manoeuvre et anse
Les fruits de sa gloire!


D'âme vive.

Sous quels lazzi
Brûle la flamme
Qui séduisit
Mon âme infâme?
Elle hurle au feu,
Battant sa rage
En l'air suiffeux,
Tend ses cordages
Quand, prisonnière
D'oubli dormant,
Elle s'affaire;
Fi de tourments,
D'aile angélique,
Voici qu'au vent
Elle se pique
De propager
Mes illusions,
De bocager
Les noirs sillons
Où la mort erre;
Ô soir éteint,
Remords d'hier,
Qu'est le satin
Quand mord l'hiver?



Le feu de l'aube.

Quel cheval hennissant
Sur la route royale,
En ce val verdissant
Redoute un animal
A la robe écarlate?
Nous cheminions alors
En l'aube scélérate;
Nos fanions tricolores
Claquaient au vent funeste,
L'alcyon, comme un mylord,
Traquait l'auvent modeste
Où l'échanson s'endort;
Aux flammes crépitantes,
Il réchauffait sa peine,
Son âme pénitente;
Fallait-il qu'on désaime
Gloire et réputation
Pour s'embraser au feu?
Le loir plut à l'alcyon,
Apprivoisés, suiffeux,
Il fallait voir leurs plumes
Se croiser devant l'âtre
En ce palais où fume
Le bois au vent noirâtre;
Nous mîmes pied à terre,
Et, le roi sous l'arcade,
Sublime et légendaire,
Vit notre débandade;
Couvrant ces vastes salles,
Affublés de lanternes,
En l'enivrant dédale
Endiablé de poternes,
De servant féodal
Réveillé par nos cris,
Les hôtes prirent place
Sans brayer aux conscrits
Que l'aube rendait grâce.



Le Jardin de Paille-bijou


Gisant au bord du vase

Qu’ils aimèrent jadis,

S’étiolaient, hors d’extase

Des asters et des lys.


Sans pardon, leurs corolles

Butinant, séraphin,

Un bourdon caracole,

Ecumant ces confins.

 

Ce vieux jardin fané

Encrasse ses couleurs,

Par les cieux profané,

Sa grâce n’est qu’un leurre.

 

L'orage gronde aux cimes

En cette aube d’été,

Et, de rage, décime

L'épilobe entêté.

 

Quand, un éclair brillant

Témoigne, fastidieux,

Qu'en cet air vacillant,

S'éloignent les adieux.

 

Au soleil, son teint pâle,

D'aérien, se colore,

Emerveille son hâle

Que plus rien ne déflore.

 

Sans bâillon, ranimé,

Agitant ses bouquets,

Cent papillons aimés

Font autant de laquais

Accomplis, qu'un lupin

Se croit épié, encore,

En ses replis mutins,

A ses pieds cloutés d’or.

 Gary d'Els

 


 

 

 

 

 

 H.M. Paris 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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