Premier matin au château...




Indolemment, en ce domaine, rien n'est plus idéal que de baguenauder aux abords des grilles tandis que les rayons du soleil viennent d'y naître. Ils jouent à cache cache entre leurs barreaux défaits, tout scintillant des dorures que ce petit matin ravive pour nous.

Les frondaisons alanguies se relèvent peu à peu, saluant cet heureux jour qui dévoile leur hâle délicat. Au parc endormi, il y a encore cette senteur si particulière, là, où, pour la première fois, mon genou frôla le tien. Souviens-toi: ton doux visage se reflétait dans l'onde; il rayonnait d'aise, vacillant entre les nénuphars que la barque dérangeait gentiment. Ta main frôlait quelques civelles, dodelinant sous leur miroir animé par ta grâce...

Quel est ce léger bruit?

A notre approche, un écureuil batifole au pied du sycomore. Il scrute la haute tour, s'éloigne, d'un coup, se ravise; il finit par s'assagir près des boulingrins où l'araignée retend sa dentelle argentée. Elle s'affaire en ce matin bruissant à tisser ses fils piégeux, comme ceux que je brodai près de ton coeur, l'enserrant d'amour.

Déjà, tu cours vers le perron; en gravissant les degrés, ta robe légère volette entre les ifs de cette joyeuse entrée. De toi, il n'est plus que deux yeux ravissants qui me guettent derrière l'antique porte où tu m'entraines. Tandis que je pénètre au château, tel un cygne, tu glisses sur le parquet d'un pas léger.

Tu virevoltes d'un salon à l'autre, éteignant au passage la lueur d'un bougeoir qui n'éclaire plus notre courte nuit d'été. Elle s'en est allée par la verrière mi-close mourir aux tréfonds des grands bois sombres.

Malicieuse enfant, tu m'invitas près de l'âtre fumant à ranimer les braises, qu'hier, ton corps nu attisait de ses gloires.
Solitaire, en ce clair-obscur matinal, je cherche par quel passage, quel boudoir tu me révéleras, divine, ta douce personne que, pour l'heure, tu ravis à ma vue. D'un baiser sonore, chantant je ne sais où, et qui vient tout pardonner, je te revois telle qu'au premier matin, belle et fière, essoufflée par ton petit manège distrayant ce majestueux théâtre, et, où, enfin, nous rejouons la scène des amants comblés.

In "
Histoires de lieux d'Histoire"

Gary d'ELS.

 
 
Aujourd'hui sont déjà 3 visiteurs (9 hits) Ici!
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement